Emploi en temps de confinement : les ingénieurs font de la résistance
Emploi ingénieur en France à l'épreuve du confinement !
Les profils d’ingénieurs particulièrement ceux occupant des fonctions opérationnelles dans différents secteurs économiques (informatique, web, IT, etc.) restent « très attractifs » d’après l’enquête 2020 de l’association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF). Ce qui ne manque pas de rassurer les ingénieurs, contrairement à la situation au début de la pandémie en mars dernier. En effet, toujours selon l’IESF, la crainte de perdre son emploi chez les professionnels de l’ingénierie est passé de 7,1 %, avant le confinement, à 10,1%, après le confinement. Or, les ingénieurs en poste et les élèves-ingénieurs semblent avoir rapidement repris confiance. Une étude réalisée par le groupe Ausy en collaboration avec Infopro Digital, publiée en septembre 2020, indique qu’ils ont majoritairement « la conviction que le diplôme d’ingénieur est un rempart contre l’impact de la crise de la Covid-19 sur l’emploi ». La même source souligne, par exemple, que 81% des étudiants font preuve d’un grand optimisme quant à la possibilité qu’ils trouvent facilement un emploi « dès leur sortie d’école ». Voir le Top 5 des meilleures écoles d'ingénieur en France. Dans ce même sens, malgré la pandémie, ils se préoccupent davantage des enjeux écologiques et de la transition énergétique en lien avec leurs métiers (70%) que des risques épidémiologiques, actuels et futurs, pouvant éventuellement leur causer des soucis de santé (47%).
Perspectives d'emploi pour les ingénieurs en 2021
Au moment où les prévisions sont des plus pessimistes quant à une reprise économique rapide durant l’année 2021, à moins qu’un vaccin commercialisé massivement change la donne d’ici là, les signaux mis en évidence par le document d’Ausy par rapport à l’emploi d’ingénieur sont plutôt au vert. Cela est d’autant plus vrai quand on se base sur la perception des premiers concernés, en l’occurrence les jeunes diplômés et les étudiants en fin de cursus d’ingénieur. 77 % de ces derniers sont persuadés que leur employabilité ne souffrira pas des séquelles de l’actuelle double crise sanitaire et économique. C’est pourquoi, ils ne revoient pas à la baisse leurs prétentions salariales. Ils espèrent ainsi toucher, dès l’embauche, entre 37000 et 39000 euros bruts annuels. Mais ce degré d’optimisme n’est pas forcément partagé par tous les employeurs et les entreprises qui recrutent les ingénieurs. Dans ce sillage, une analyse du marché fournie par SmartData/Randstad soutient que quatre semaines seulement de confinement, entre mars et avril 2020, auraient suffi pour réduire le nombre d’offres d’emploi ingénieur de 52 % en comparaison au mois de janvier de la même année. Et pour cause, manquant de visibilité par rapport à leur avenir à l’exception de celles activant dans le digital, les entreprises ont préféré geler les recrutements. Toutefois, les embauches ont repris de plus belle avec le déconfinement. Ceci ne peut que rassurer les ingénieurs s’attendant à la même tendance, voire accélérée, dès le retour à la normale sur le plan sanitaire qui devrait intervenir au premier trimestre 2021, du moins d’après les projections les plus optimistes.
« Le marché du travail a été fortement impacté par cette crise sans précédent, même les profils techniques et IT. Cependant, cette triste situation offre aujourd'hui à de nombreux employeurs la possibilité d'embaucher des professionnels hautement qualifiés. Le recrutement pour les années 2019 et 2020 a été très difficile en raison d'une pénurie de talents. L'année 2021 est sans aucun doute l'année où il faut renforcer ses équipes pour relever les défis à venir. », commente Olivier Lambert, Fondateur et Manager d’OnlyEngineerJobs.fr.
Télétravail et métier d’ingénieur : Disparités entre différents secteurs d’activité
Des années bien avant la crise sanitaire, la problématique du télétravail c’était largement imposée dans la culture professionnelle des ingénieurs français. Comme le mentionnait l’enquête IESF de 2015, l’explosion des usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication a encouragé une telle conversion. Déjà à cette époque, « 66% des ingénieurs télétravaillaient ». Avec le confinement, puis le reconfinement, « le télétravail n’est pas une option », pour paraphraser la déclaration de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, fin octobre 2020, en annonçant le nouveau protocole sanitaire national en entreprise. Cela concerne la majorité des ingénieurs dans la mesure où leurs métiers sont suffisamment compatibles avec le travail en distanciel (informaticiens, développeurs, chefs de projet, etc).
Pour ceux dont le contenu de poste comprend des interventions physiques fréquentes (ingénieurs en génie civil,
ingénieurs de production, techniciens de maintenance, etc.), ils ont adopté un système hybride consistant à télétravailler pour effectuer le maximum de tâches possible en remote et à se déplacer sur le lieu de travail quand cela est vraiment indispensable. Si les ingénieurs salariés acceptent pour la plupart cet état de fait, certains employeurs s’en inquiètent. Dans ce sens, la Fédération CINOV – une organisation patronale qui défend les entreprises (TPE et PME) des métiers du conseil, de l’ingénierie et du numérique – a rendu public un communiqué de presse, le 5 novembre 2020, pour exprimer son désaccord avec le gouvernement autour d’une « injonction paradoxale » et des « décisions qui protègent plus ceux qui les prennent que ceux à qui elles s’imposent ». Ledit groupement syndical a insisté sur l’idée que de nombreux employés sont éprouvés par le télétravail auquel ils seraient contraints et préfèreraient retrouver leurs postes en entreprise, précisant par ailleurs que le métier d’ingénieur est loin de se limiter au seul « travail sur ordinateur ».
Quel contrat pour les ingénieurs français : CDI, CDD, alternance ou freelance ?
Dans l’attente des tendances 2021 de leur profession, les ingénieurs semblent toujours préférer la recherche de nouvelles opportunités professionnelles en donnant la part de lion à un engagement de long terme sous format de contrat fixe, à durée indéterminée (CDI). Ce qui explique, d’ailleurs, que 95% des ingénieurs salariés en France le sont en CDI, dont une partie de fonctionnaires (IESF 2020). La deuxième forme contractuelle favorisée, c’est le contrat temporaire, à durée déterminée (CDD), qui est souvent perçu comme un tremplin par les jeunes diplômés afin d’accéder à un CDI. Puis, les ingénieurs en formation optent logiquement pour des contrats de stage ou d’alternance.
Enfin, à en croire les jobboards spécialisés, à l’instar d’OnlyEngineerJobs.fr par exemple, le travail en « freelance » est en train de gagner du terrain, parallèlement avec la culture du télétravail qui s’impose de plus en plus au sein des entreprises. Celles-ci ont désormais plus de facilités à engager des « travailleurs indépendants » pour des prestations et des missions occasionnelles. Quand elles font appel aux services d’un ingénieur freelance, ce dernier intervient souvent avec le statut d’auto-entrepreneur. Le même site affirme qu’« on recense aujourd’hui 80 000 ingénieurs freelance, soit 8,6% des travailleurs indépendants en France. Une bonne partie d’entre eux intervient à Paris et, plus globalement, en Île-de-France, et dans des secteurs comme l’informatique, l’électronique, l’HSE ou encore la Data Science ». Ce chiffre est en nette hausse cette année ; une augmentation qui devrait se poursuivre durant les quelques mois et années à venir vu l’impact de la crise sanitaire, en cours, sur l’organisation du travail et la volonté des employeurs de réaménager ses modalités.